Gamay

Gamay – un demi-Haut-Valaisan

Aussi fou que cela puisse paraître, c'est la vérité. Le gouais blanc, «Gwäss» dans le Haut-Valais, est un sacré Casanova. Il est le parent de plus de 80 cépages européens comme le chardonnay, le gamay, le riesling ou le blaufränkisch. Ce cépage a disparu en France - dans le Haut-Valais, le «Gwäss» est resté, depuis 1540. Ce raisin est très productif et résistant aux gelées de printemps, mais il est sensible à la pourriture. Ce sont des vins plutôt acides avec des notes de poire. Bien que le cépage gouais blanc ait presque disparu, il a été l'un des cépages les plus importants d'Europe grâce à son évolution variée.

Gamay – banni de la cour royale

Au 13e siècle, les moines ont fortement encouragé la viticulture en Bourgogne. Reconnaissant l'influence du terroir sur la qualité du vin, ils ont planté le gamay, nommé d'après un village du même nom en Côte d'Or. Ce cépage mûrissait de manière très fiable et donnait des rendements élevés, si bien qu'il devint bientôt un concurrent sérieux pour le fragile pinot noir. Le duc Philippe le Hardi de Bourgogne (1363-1404) n'appréciait pas du tout cette situation. Dans son fameux décret de 1395, il qualifia le gamay d'«infâme et déloyal». Il l'a interdit en arguant de sa nocivité pour la santé humaine.

Gamay – la fuite vers la Suisse

L'interdiction dans les vignobles bourguignons a profité à la qualité du gamay.  Il s'épanouit encore mieux sur les coteaux granitiques du Beaujolais que sur les carrières calcaire de la Côte-d'Or. Le gamay est le cépage du Beaujolais, où il occupe 90 pour cent du vignoble. Tous les vins rouges du Beaujolais sont issus du gamay.

Comme d'autres cépages, le gamay est arrivé en Suisse de la France voisine, où il a pu s'établir au cours du 19e siècle en Valais et en Suisse romande. Aujourd'hui, il est cultivé sur 1430 hectares dans notre pays, soit un peu plus de huit pour cent de la surface viticole de 15 000 hectares. Associé au pinot noir, le gamay donne des assemblages connus comme le Dôle (Valais) et le Salvagnin (Vaud). 

Gamay «Mephisto» – L'éternelle jeunesse de Diego Mathier

Diego Mathier, le vigneron suisse de la décennie, l'a compris très tôt. Sa famille cultivait déjà le gamay sur des sites de premier choix autour de Salquenen. Leurs ceps produisent des vins rouge rubis d'un grand fruité et d'une grande élégance. Dans la ligne de vins «La Tradition», Diego fait une belle déclaration d'amour à ce cépage longtemps méconnu qu'est le gamay, sous le nom de «Mephisto». Mephisto ? Dans la tragédie de Goethe, Méphisto apparaît à Faust dans son tourment. Il lui promet la réalisation de tous ses désirs, le pouvoir, l'éclat et la jeunesse éternelle.
Le gamay «Mephisto» achève sa fermentation alcoolique sous l'effet de levures dans une cuve en acier inoxydable. Il n'est pas seulement juteux et frais, épicé – c'est aussi un excellent compagnon de repas très adaptable. Le gamay «Mephisto» a un nez racé avec des arômes de violettes. En bouche, il est intense et fruité, la structure tannique est soyeuse. Le vin enthousiasme par sa finale longue et souple.

Gamay – l'élan dans la Dôle

La dénomination «Dôle» est l'appellation réservée pour le vin rouge sans doute le plus connu de Suisse. Le Dôle est un assemblage (coupage de différents cépages ou terroirs ou millésimes entre eux) – à partir d'avril 2021, la teneur en pinot noir et en gamay sera de 51 pour cent. La part de pinot noir doit toutefois rester prépondérante. Cela donne au viticulteur plus de liberté pour l'assemblage.

Le vignoble ensoleillé de la commune de Salquenen, d'où provient notre Dôle «Sang de l'enfer», est inscrit au cadastre comme «Hölle» (l’enfer) – l'un des meilleurs vignobles du village viticole de Salquenen. Le pinot noir confère au «Sang de l'Enfer» sa race, sa noblesse et son bouquet. Le gamay apporte le fruité, l'élégance et la robustesse.