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Grand Prix du Vin Suisse 2018 : Diego Mathier en superstar

thomasvino, 19.10.2018 – Le Salquenard avait déjà remporté deux titres (2007 et 2011) de «meilleur vigneron de Suisse» et celui de «meilleur de la décennie» (2007-2016). Il a écrasé le Grand Prix du Vin Suisse 2018, avec un troisième titre de «meilleure cave de l’année», en plus de trois titres par catégorie et celui du meilleur vin blanc, pour l’Heida Les Pyramides 2016. Mais derrière l’arbre solide, il y a tout de même une forêt…

On écrivait il y a dix ans que le GPVS tournait en rond… Que dire aujourd’hui ? La sélection des six nominés des 13 catégories paraissait d’une très haute qualité, lors de la redégustation de ces vins par un jury ad-hoc (dont l’auteur de ces lignes faisait partie), début août, à Sierre. Signé par ce jury international d’une douzaine d’experts, où figurent des représentants des organisateurs, Vinea et le magazine Vinum, le palmarès confirme certaines valeurs bien établies du vin suisse.

Ainsi, s’il fallait situer le canton du chasselas, ce serait Vaud, qui cultive la plus grande surface du premier cépage blanc de Suisse. Bingo : deux chasselas vaudois se classent ex-aequo en tête, un La Côte, le Château d’Etoy 2017, vinifié par Thierry Ciampi pour la Cave Jolimont (groupe Schenk), et un Lavaux, le Riex 2017 de la nouvelle cave de la Bourgeoisie de la Ville de Fribourg. Troisième, le Bérolon Le Consul 2017, des frères Laurent et Nicolas Martin, à Perroy. Le favori, sur le papier, le Dézaley-Marsens Vase No 4 des Frères Dubois à Cully (VD) est classé 4èmeex-aequo, comme le seul fendant, Dame de Sion, des Fils Charles Favre.

Rayon chasselas, on notera le titre de «meilleur vin bio de Suisse» enlevé par Bertrand Favre, du Domaine de Miolan, à Choulex (GE), avec un non filtré 2017, non conformiste…

Des régions phares confirmées

Même exercice en pinot noir, cépage le plus planté de Suisse. Quels sont ses origines les plus réputées? Les Grisons, Neuchâtel et Argovie, qui a le vent en poupe ces dernières années ? Tiercé dans l’ordre ! Le Maienfeld Levanti 2016 d’Andrea Davaz, propriétaire de Von Salis, à Landquart (GR), coiffe au poteau le Cortaillod 2016 de la famille Porret, Domaine des Cèdres, à Cortaillod (NE), et 3ème, le Weingut Alter Berg, à Tegerfelden (AG), avec un vin barriqué de 2015.

Et s’il fallait désigner un excellent gamay, La Côte vaudoise ou Genève ? Match bien vu,  avec le 2017 du Domaine de Chantemerle, de Tartegnin (VD),victorieux ex æquo avec le 2017 de Sarah Meylan, de La Vigne Blanche à Cologny (GE) et, surprise, 3ème, un Dézaley Grand Cru 2016, des Frères Dubois, de Cully.

Et en merlot ? Un vin tessinois, bien sûr, et même trois fois! Titre suprême pour Daniele Mafei, vice-président de Vinea, à la tête du domaine cantonal de Mezzana, et son jeune œnologue Nicola Calmi, avec le Ronco 2016, devant le Pergole 2015, des frères Meroni, à Biasca, et le Lamone 2015 de Sacha Pelossi (qui vient de signer la dernière cuvée du concept Magnificients).

Un gamaret vaudois, meilleur vin rouge

Nouvelle catégorie en rouge, réservées aux frères triplés que sont le gamaret, le garanoir et le mara, vinifiés purs. Rodrigo Banto, de la Cave de La Côte, à Tolochenaz, s’impose avec son Gamaret Inspiration 2015, justement désigné meilleur vin rouge de Suisse. Ses dauphins sont un gamaret de Sierre 2016, de la Colline de Daval, et un garanoir 2017, du Domaine de Miolan, à Choulex (GE).

La finale était 100% valaisanne en «autres cépages purs» et ce sont deux cornalins du haut de gamme, le Champmarais 2014, de Jean-René Germanier, à Vétroz, et la Grande Réserve 2015, de Joël Briguet, Cave La Romaine, à Flanthey, qui se classent 1eret 3ème, arbitrés, à la deuxième place, par une humagne rouge Réserve des Administrateurs de la Cave St-Pierre, à Chamoson (groupe Schenk).

Les assemblages rouges réussissent doublement à la «cave de l’année» : la Cuvée Rosmarie Mathier 2015 s’impose devant le Folissimo 2015 et l’accessit va au Métissage 2016, de la Cave de Chambleau, à Colombier (NE). Diego Mathier en remet une double couche en assemblages blancs, avec L'Ambassadeur de Domain Diego Mathier, victorieux avec le millésime 2016 et 3ème avec le 2015 : l’ex-meilleur vigneron de l’année 2009, le Schaffhousois Stefan Gysel réussit à s’intercaler avec son pinot blanc – chardonnay 2016. La cave salquenarde s’impose avec le «meilleur vin blanc de Suisse», l’Heida Les Pyramides 2016, en «autres cépages blancs purs», coiffant, pour un podium tout valaisan, deux petites arvines, l’une, la 2017 de Defayes-Crettenand, à Leytron, l’autre, la Maître de Chais 2017, de la coopérative Provins.

Six champions valaisans pour 13 catégories

Chasse gardée alémanique, le Müller-Thurgau voit un cru argovien, le riesling X sylvaner 2017 de Tegerfelden, de DiVino (nouvelle marque du groupe Garnier-Volg) s’imposer, devant le Siebe Dupf 2017 de Bâle-Campagne, de la cave homonyme de Liestal, et le Nobler Weisser de la Zurichoise Nadine Saxer, à Neftenbach.

Dans les autres catégories, La Côte vaudoise s’impose avec le meilleur rosé, un 2017, encore une fois de Tartegnin, décidément «pays du bon vin», de la Cave de la Brazière, devant le nouveau venu de la collection Les Murailles, le rosé 2017, de Badoux à Aigle (groupe Schenk), et, 3ème, un outsider tessinois, Confessore 2017, de Chiericati, à Bellinzone.

En vins liquoreux, encore un podium tout valaisan, et joli coup de la Maison Gilliard, à Sion, avec son Soleil de Minuit 2016. Il remporte le trophée, devant deux spécialistes, Robert Taramarcaz, du Domaine des Muses à Sierre, avec une petite arvine flétrie Classique 2014, et Yvon Cheseaux, de la Cave des Remparts, à Saillon, qui  élabore la meilleure malvoisie flétrie (sa 2016 est 3ème).

Encore un vin valaisan victorieux (sept sur treize catégories) en mousseux où, pourtant, la concurrence neuchâteloise paraissait redoutable. Le seul vin qui avait la complexité d’un champagne s’est imposé, l’Eboé 2013, un chardonnay de Flaction Vins, à Saint-Pierre-de-Clages. Il a mis d’accord les Caves Châtenay-Bouvier, à Boudry, 2èmeavec leur Bouvier Brut 2014, et Mauler & Cie, à Môtiers, 3èmeavec le Bel Héritage 2012, un vin de pays suisse, tandis que sa cuvée neuchâteloise Louis Edouard Mauler 2011 termine 4èmeex-aequo, comme l’autre nominé neuchâtelois, et seul rosé, le brut Signature de Bouvet-Jabloir, à Auvernier.

Avec une large domination valaisanne, des Vaudois, des Neuchâtelois qui s’en tirent mieux que les Genevois et les Tessinois, accrochés à leur merlot, ce Grand Prix du Vin Suisse 2018 dessine un paysage vitivinicole suisse classique et sans réelle surprise.